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​Article

Comment les musées attirent le public

Écrit par l'équipe Ça m'intéresse 22/02/2020 @tuerleDimanche


Bacon, Picasso... Pour attirer le public, les musées misent sur les rétrospectives d'artistes célèbres, ce qui exige des moyens et un bon carnet d'adresses.

Viennent d'arriver les premières toiles qui composeront l'une des expositions-phares de la rentrée : Bacon en toutes lettres. Le commissaire de l'exposition est la tête pensante de cette superproduction. D'une voix posée, il valide chaque emplacement, modifie parfois les plans en fonction des couleurs, des thèmes, de la lumière. Tout est étudié pour que le visiteur s'imprègne de l'univers tragique de l'artiste. « Il y a quatre ans, j'ai eu une révélation : l'œuvre tardive du peintre britannique Francis Bacon (de 1971 à 1992) était bien la meilleure et la moins connue. À moi de trouver un angle d'attaque pour la montrer au grand public. » Dans la bouche de Didier Ottinger, chaque mot compte. Si la « révélation » évoque une inspiration spirituelle, « grand public » nous remet les pieds sur terre.


 

  • Rétrospective David Hockney a attiré 620,000 visiteurs

Le Centre Pompidou se verrait bien dépasser la jauge de(超过...访客量)620 000 visiteurs atteinte par la rétrospective de l'Anglais David Hockney en 2017. La billetterie (票务营收)avait généré 16 millions d'euros de chiffre d'affaires : la première source de revenus de cet établissement public, loin devant le mécénat (omillions d'euros), l'édition et les produits dérivés (衍生品)(3,5millions d'euros).

Un succès que l'on doit déjà à Didier Ottinger. Tel un imprésario(经理人), agent cet expert de la peinture contemporaine sélectionne les têtes d'affiche parmi les génies du XXesiècle. L'Américain Edward Hopper au Grand Palais en 2012, c'est lui. Le Belge Magritte au Centre Pompidou en 2016, encore lui. Érudit sans snobisme, charmeur et pédagogue, il considère qu'il « faut laisser s'écouler au moins vingt ans entre chaque grande rétrospective, le temps de séduire une nouvelle génération ».


 

  • Des musées en concurrence

Bacon, Van Gogh, Miró, Jeff Koons... Qui battra le prochain record ? Le Louvre, la Tate Modern à Londres ou encore le Museum of Modern Art (MoMa) de New York se livrent une concurrence acharnée. En janvier 2019, à Paris, l'exposition qui a réuni Jean-Michel Basquiat et Egon Schiele, à la Fondation Louis-Vuitton (673 503 visiteurs), a battu d'une courte tête Picasso.Bleu et rose au musée d'Orsay (670 000). En réalité, le prolifique Espagnol gagne haut la main : durant la même période, une trentaine d'expositions à thème lui étaient consacrées en Europe.Rien qu'au musée Picasso, il a attiré 388 239 visiteurs en duo avec le sculpteur Calder (...)

 

  • Des expositions qui requièrent 3 à 4 ans de préparation

Très tôt se pose la question du budget. « Tout dépend du nombre d'œuvres empruntées », témoigne Claire Garnier, directrice des collections et de la production au musée Picasso de Paris : « Le commissaire d'exposition élabore une liste. Les demandes de prêts sont envoyées près d'un an à l'avance. Certaines peuvent ne pas aboutir. Les paramètres liés aux assurances varient en fonction des proprietaires, des ceuvres, des courtiers. Les ajustements et les compromis sont inévitables. » En général, les frais se répartissent pour moitié dans le transport, un quart pour l'assurance, la scénographie(布置) et la communication engloutissant le reste. Pour compenser la baisse des subventions, les mécènes sont appelés à la rescousse. « Ils se mobilisent davantage pour un artiste de renom, surtout s'il est maudit, et s'il partage un lien avec l'histoire de France », observe finement Didier Ottinger.

Traquer le chef-d'œuvre : une obsession pour tout commissaire d'exposition réputé. Au Centre Pompidou, Didier Ottinger a conçu une liste de 52 peintures de Bacon, dont 12 triptyques(三折画,三部曲) disséminés chez 40 « prêteurs » à Londres, New York, Sydney. Comment les déniche-t-il? « Je mène une enquête policière, presque une filature, auprès des galeristes, des maisons de ventes aux enchères(拍卖行), des critiques d'art pour débusquer les propriétaires. Puis je me bats pour les convaincre. » Jusqu'à titiller les egos des uns et des autres. « Les financiers de Wall Street et les oligarques russes qui possèdent des Bacon se connaissent.


 

  • Le transport des tableaux, c'est de la haute couture

La logistique tient ensuite de l'opération à haut risque. Même très bien assurées par des courtiers comme Gras Savoye, il est exclu que des pièces inestimables subissent des chocs, des différences de température, d'humidité ou, pire, soient volées. « Lors du transport, chaque tableau dispose d'une caisse sur mesure(量身定做的箱子), parfois climatisée,précise Claire Garnier (musée Picasso). C'est de la haute couture, avec un millefeuille de mousses isolantes. »

Par précaution, les camions spécialisés et banalisés ou les avions cargos n'embarquent qu'une seule œuvre à la fois. Et, luxe suprême, un « convoyeur », qui peut être le conservateur ou son assistant, accompagne chaque création « clou à clou », y compris sur le tarmac de l'aéroport.

Pendant ce temps, une trentaine de spécialistes préparent les salles d'exposition en fonction du plan de visite. La scénographie mobilise des architectes qui organisent les espaces et conçoivent le mobilier : vitrines, cimaises, signalétique, lumières et socles pour les sculptures.

Trois semaines avant l'inauguration, l'accrochage est le moment clé où tous les corps de métiers se réunissent, sous l'œil aguerri (老练,经验丰富的)de Didier Ottinger. Une fois arrivées dans le musée, les caisses sont entreposées entre vingt-quatre et quarante-huit heures dans une partie de la future salle d'exposition, une sorte de sas, où leur précieux contenu s'adaptera aux conditions ambiantes : 20 °C et un taux d'humidité relative de 50 %.

Ouvrir ces énormes caisses verticales de 300 kilos exige expérience et concentration. C'est quasiment un cérémonial. L'œuvre émerge doucement de sa gangue de bois et de mousse avant d'être posée contre le mur sur des supports provisoires. Pendant une heure, le restaurateur du musée et le convoyeur inspectent à la loupe chaque centimètre en quête de craquelures, fissures, plis... afin d'établir un constat. La concentration est à la hauteur de l'enjeu financier : en 2013, le triptyque Trois études de Lucian Freud, de Bacon, a été estimé 142 millions de dollars par la maison de vente Christie's à New York. Un record à l'époque.

« Dans le cas de Bacon, nous redoutons que les vibrations du transport ne soulèvent les couches de peinture ou n'égratignent les cadres »,temoigne Claire Boual, conservatrice-restauratrice. Après le feu vert des experts(获得批准,得到同意), les régisseurs d'espaces, en gants blancs, accrochent les tableaux. Deux heures sont nécessaires pour aligner les triptyques avec des « marges » équivalentes entre les tableaux. « Bacon a peint chaque panneau séparément car son atelier était trop petit pour tout contenir. Il a imaginé qu'ils s'aligneraient. Ce n'est pas le cas en réalité. Il faut pourtant que cela donne une impression de perfection », assure Oliver Wick, conservateur (Esther Grether Family Collection). Ce spécialiste suisse est arrivé la veille de Bâle(巴塞尔), après huit heures dans la cabine d'un camion pour « babysitter » trois tableaux de 198 cm sur 147,5 cm formant le Triptyque mai-juin 1973, hommage de Francis Bacon à son amant George Dyer : « Dès l'entrée dans Paris, j'ai redouté des accidents tant le trafic est anarchique. Pourtant, je ne regrette rien. Notre prêt est mis en valeur. L'exposition est exceptionnelle. »

À ce rythme, il faut compter une dizaine de jours pour finaliser l'installation. Une fois l'exposition ouverte au public, les restaurateurs examinent les pièces chaque matin et les époussettent eux-mêmes.


 

  • Les musées font appel aux milliardaires chinois

​​

Le jour J, le vernissage mobilise le gratin (社会精英/名流)de la vie culturelle : artistes, figures politiques, critiques d'art, prêteurs, collectionneurs et surtout mécènes français et étrangers. Ces derniers sont particulièrement choyés, car la qualité des expositions dépend de leur bonne volonté. À l'étroit en France, le Centre Pompidou s'est lancé en quête de bienfaiteurs chinois, et compte déjà une vingtaine de donateurs sur la base d'un ticket d'entrée de 11 000 euros par an.Pour générer des recettes supplémentaires, nos musées « monnayent» à l'étranger les expositions, qui deviennent « itinérantes ». Ainsi, à partir du 23 février 2020, le travail de l'équipe de Didier Ottinger sur Francis Bacon ornera le musée des Beaux-Arts de Houston, au Texas.

D'autres expertises - création de musées, formation de spécialistes... - sont facturées au prix fort. Selon un rapport de la Cour des comptes, le transfert d'expérience a rapporté 3,2 millions d'euros par an au Centre Pompidou sur la période 2012-2018. L'art a bien un prix.


 

  • De l'art ou du cochon(chose très mauvaise) ?


Trente-cinq ans après avoir empaqueté le Pont-Neuf, Christo emballera l'Arc de Triomphe, le 6 avril 2020, dans 25 000 mètres carrés de tissu polypropylène argent bleuté et 7 000 mètres de corde. Réchauffement climatique oblige, l'artiste précise que la matière est recyclable. Précaution rarissime dans le milieu. Déplacements en long-courriers, décors éphémères... musées et galeries sont loin d'être vertueux. Le monde de l'art, censé être à l'avant-garde, se retrouve à la traîne. « L'empreinte carbone(碳足迹) n'est pas calculée, dénonce Dominique Sagot-Duvauroux, économiste de la culture. Au nom du caractère absolu de l'art, on cache le sujet sous le tapis.»

 

 


La littérature

La littérature ne permet pas de marcher, mais elle permet de respirer.
(Roland Barthes, Tel quel, 1964)


 

  • Présentation


Littérature, Lettres et Belles-lettres. Ces divers noms désignent à la fois : l’art de produire les œuvres d’esprit, spécialement celles de l’éloquence et de la poésie ; l’ensemble des productions littéraires d’une nation, d’une époque ; et la connaissance des règles qui doivent diriger ces productions, l’étude des matières et des œuvres littéraires.

Le mot littérature, issu du latin litteratura, apparaît au début du XIIe siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe ‑ XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique ou activité participant à leur élaboration.

De là, Lettres ou littérature est opposé à Sciences. Unies, les lettres et les sciences embrassent tous les objets d’étude, et forment l’ensemble complet de la culture intellectuelle. Michel Foucault a démontré dans son essai les Mots et les Choses que le sens moderne du mot littérature n’est apparu qu’au XIXe siècle. De son étymologie latine « lettre » – qui lui vaut d’être employé dans l’Antiquité latine au sens le plus concret de représentation graphique -, le terme en vient à signaler l’érudition(博学), la culture des gens lettrés « d’un bel esprit et d’une agréable littérature » (Jean de La Bruyère).

Au début du XIXe siècle, il est considéré sous un jour nouveau par Mme de Staël dans son ouvrage De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (1800).

Dès lors que l’on pouvait caractériser des modèles de littérature (du Nord, méridionale, etc.), on se devait d’en distinguer les ensembles, sur le plan culturel ou temporel. La littérature ne caractérisait plus seulement une somme de textes, fussent-ils savants, mais la production de leurs auteurs et par là même l’activité créatrice proprement dite. Chateaubriand dans les Mémoires d’outre-tombe donne à lire, non sans ambiguïté, cette mutation sémantique :

La littérature qui exprime l’ère nouvelle n’a régné que quarante ou cinquante ans après le temps dont elle était l’idiome. Pendant ce demi-siècle, elle n’était employée que par l’opposition. C’est Mme de Staël, c’est Benjamin Constant […], c’est moi enfin qui les premiers avons parlé cette langue.

Cette nouvelle définition de la littérature en une activité autonome, à l’exclusion de toutes les autres formes de discours, ne cesse de s’affirmer au XIXe et XXe siècle, et trouve sa consécration(神圣化) avec l’émergence des sciences du langage.

Allant de cette perspective, le concept de littérature a été régulièrement remis en question par les écrivains comme par les critiques et les théoriciens : c’est particulièrement vrai depuis la fin du XIXe siècle où l’on a cherché à redéfinir – comme pour l’art – les fonctions de la littérature (par exemple avec la notion d’engagement pour Sartre, Qu’est-ce que la littérature ?) et sa nature (réflexion sur l’écriture et la lecture de Roland Barthes ou études des linguistes comme Roman Jakobson) et à renouveler les critères esthétiques (du « Il faut être absolument moderne » de Rimbaud au Nouveau Roman en passant par le Surréalisme, par exemple).

William Michael Harnett, Music and literature (Musique et littérature), 1878.

 

  • De l’oral à l’écrit


Pour mieux comprendre l’évolution des définitions de la littérature, il convient de se référer d’abord à sa genèse. Les premières civilisations avaient pallié l’absence d’écriture par une littérature orale, dont les interprètes étaient les garants de la transmission des règles, tout à la fois professeurs et conservateurs de la mémoire collective ; véritables spécialistes du bien-dire(好口才), ils avaient à charge de perpétuer les traditions, celle du récit mythique unique et intemporel, qui rend compte de la création du monde, et celle de l’épopée, qui rapporte l’histoire des héros et des dieux, dont les faits et gestes servaient de modèles de conduite pour la collectivité.

Tant qu’elle n’est pas écrite, la littérature présentait les mêmes caractéristiques que les autres arts, tels la danse et la musique, elle obéissait à des règles rythmiques de diction. Officient encore de nos jours des conteurs en Afrique noire, des poètes traditionnels en Polynésie, des chanteurs d’épopée au Tibet et au Kurdistan. Les corporations spécialisées qui eurent à charge de transmettre le récit fondateur (prêtres assyriens, aèdes grecs, bardes gaéliques ou finnois, scaldes islandais, griots africains) sont également dans certaines de ces aires culturelles les premiers scribes.

Les plus anciennes langues écrites reprennent les thèmes fondateurs de la littérature orale. Ainsi la plus ancienne épopée de l’humanité, l’Épopée de Gilgamesh, écrite en cunéiformes(锲形文字), s’inspire-t-elle de récits sumériens composés vers la fin du IIIe millénaire av J.-C. ; elle narre l’histoire tragique du roi Gilgamesh et, ce faisant, relate celle de la condition humaine. Ce récit légendaire, au même titre que l’Iliade et l’Odyssée, d’Homère, demeure une grande énigme littéraire. Quels sont les auteurs de ces épopées ? À quelle époque sont-elles écrites ? Avons-nous affaire à un auteur unique, ou bien s’agit-il d’une œuvre collective ?

Quoi qu’il en soit, le recours à la graphie allait modifier la mise en forme des récits. Avec l’apparition du texte, les formes d’expression de la tradition s’individualisèrent, et l’accès du public à la littérature devient élitaire – plus tard, avec l’imprimerie et la diffusion du livre, il sera personnel. Par ailleurs, les livres devenaient la résidence matérielle du sacré. À Alexandrie se forme au IVe siècle av. J.-C. un public de lettrés autour de la fameuse bibliothèque. Des tablettes assyro-babyloniennes aux rouleaux de papyrus égyptiens s’étaient constituées au fil du temps les conditions propices à la naissance d’une « littérature moderne ». Les Alexandrins mettent au jour les écrits des auteurs classiques grecs, qui eux-mêmes avaient puisé dans les littératures orales et sacrées orientales. Ils recueillent dans la ville d’Alexandre le Grand des livres d’Afrique, de Perse, d’Inde, du Moyen-Orient, de Méditerranée et de Judée. Les legs(遗产) littéraires sont établis, répertoriés, normalisés. Des œuvres écrites d’une facture nouvelle apparaissent, que leurs auteurs ne destinaient plus à la récitation. Aristote définit l’histoire des littératures en tant qu’histoire des genres et des œuvres.


 

  • Approche moderne de la littérature


Cette approche évolutionniste est une constante de l’histoire littéraire jusqu’au XIXe siècle. Si des littératures sécularisées(世俗化的) ont pu se constituer, au terme d’un passage de l’oral et du sacré à l’écrit et au profane, elles n’en entretiennent pas moins des rapports avec les thèmes fondateurs. Au XIXe siècle, deux théories s’échafaudent(发展、建立). Des essais de littérature comparée permettent d’analyser les influences exercées par les littératures entre elles ; par opposition, le concept de littérature générale est prévaloir l’idée d’une généralité littéraire, indépendante des contextes historiques, géographiques et culturels. Les recherches des formalistes contemporains s’appliquent, au-delà de simples constats d’identités culturelles, à étudier les conditions de développement des thèmes privilégiés et des genres spécifiques.

La laïcisation(世俗化) de la littérature occidentale détermine une évolution des genres (de l’épopée originelle au roman, de l’éloquence romaine d’un Cicéron au lyrisme) et un partage de l’écriture entre la prose et la poésie. Ainsi, les trois grands genres initiaux de la littérature française sont de nature poétique : l’épopée des chansons de geste, le roman bourgeois (Le Roman de Renart) et courtois (Chrétien de Troyes), et la poésie lyrique des troubadours et des trouvères. Illustrant parfaitement la thèse d’Aristote, les premières œuvres en prose sont historiques (Villehardouin). Au XVIIIe siècle encore, la poésie occupait une place privilégiée et englobait les genres épiques et dramatiques. Aux XIXe et XXe siècles, la poésie, cantonnée à la seule expression lyrique, devient un genre littéraire spécifique, au même titre que le roman et le théâtre. Qu’elle soit en prose ou en vers, la littérature, dans la continuité de ses origines magiques et religieuses, devient le support d’une perpétuelle recherche sur les pouvoirs du langage. L’histoire de la littérature, en se fondant sur la pérennité des œuvres écrites, recense les modèles de représentation, les sujets, les thèmes, les genres, l’imaginaire et le style qui sont à l’origine d’une civilisation.

Alors que la littérature moderne pourrait se comprendre à travers les rapports qu’entretiennent les écrivains avec la société et la tradition, la popularisation de la culture par les mass media (presse, radio, télévision) s’accomplit surtout sous le signe du divertissement. Mais que l’on s’accorde à y voir un simple divertissement, un artifice trompeur(误导性的) ou une nécessaire réponse aux préoccupations humaines, la littérature n’en met pas moins en jeu toutes les virtualités du langage pour exprimer l’infini variété de l’expérience humaine.




 

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